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  • : Soit dit en passant...
  • : Vous apprendrez à me connaitre au gré de mes humeurs, de mes découvertes, de mes rencontres, à travers les morceaux choisis de ma mémoire ou d'ailleurs que je coucherai sur mon écran au fil des jours. Pourquoi j'ai choisi d'écrire ? pour faire prendre l'air à mes idées. Comme avec le train, l'avion, le bus, ou encore le livre, la musique ou le bon vin... Le véhicule est le même, il peut vous mener de l'espagne au yang-tse-kiang en passant par la Bourboule.... Bienvenue a tous.
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7 décembre 2013 6 07 /12 /décembre /2013 00:24
pepite.jpg Imaginez un large tamis, dans lequel nous serions tous inconsciemment ballotés au cours de nos existences. Chaque secousse est une épreuve qui transforme notre vision du monde, nous sculpte l’âme et nous révèle un peu plus aux yeux des autres. Et l’image des grains de sable qui s’entrechoquent et se séparent en attendant de passer de la lumière à l’oubli symbolise bien ces rencontres et ces éloignements qui jalonnent une vie.

L’intérêt de ce crible imaginaire serait finalement de retenir uniquement les pièces rares, d’une grande pureté, qui constituent la quintessence de leur genre. Je ne peux pas mieux décrire ces personnalités exceptionnelles dont le monde pleure parfois la disparition : des pépites qui marquent les consciences collectives par leur éclat.

 

Je ne me souviens pas avoir déjà connu une disparition qui ait suscitée un deuil planétaire. Les êtres auxquels je pense sont partis avant ma naissance. Nelson Mandela a lutté sans relâche contre l’injustice et le racisme. Il a été un artisan incontournable pour façonner le monde du XXIe siècle. Le chantier n’est malheureusement pas aboutis, mais les comportements et les mentalités ont considérablement évolués. La ségrégation raciale n’est plus une institution.

 

Il a trouvé la sagesse de mettre en balance ses 27 années d’engeôlement, avec la liberté de toute une communauté en menant ses combats dans les principes de la non violence. Un modèle d’humilité, de gentillesse, de courage et de simplicité pour moi qui mesure tous les jours combien il est difficile de dissocier humeur et conviction dans ses engagements quotidiens. Il est « l’homme qui a appris a pardonner » selon Mohammed Ali.

 

Il ne faut pas pleurer sa mort, mais plutôt sa vie et son parcours exceptionnel. Il me réconcilie avec l’humain et je chemine avec tous ceux qui se sentent orphelins aujourd’hui.

 

Je ne peux me lasser de revoir ces images ou il apparait, costume rayé noir et blanc, sur scène avec la choriste de Johnny Clegg qui chante a son bras. Il regarde la foule avec un large sourire et se laisse aller à une chorégraphie prudente et cadencée au rythme de Asimbonanga (« Nous ne l’avons pas vu ») en brassant l’air avec ses coudes, comme le font souvent les hommes qui ne sont pas rompus à l’exercice de la danse. Une sorte de parade virile qui renvoie l’image volontairement débonnaire et gaillarde que l’on assume en pareille circonstance. Puis Johnny Clegg recule du devant de la scène et vient se positionner à ses cotés pour entamer le même pas de danse. Alors, de haut de ses 90 ans, Madiba, arborant toujours ce large sourire qui le caractérise, invite la foule à se lever d’un mouvement de bras. Mouvement hautement symbolique dont la portée se prolongera bien au delà du concert…

 

« Notre plus grande menace, n’est pas notre faiblesse mais notre puissance » disait-il. Gardons cet avertissement à l’esprit et je lui souhaite le plus grand des repos dans le panthéon des géants.

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22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 23:05
bras-de-fer.gif

Ce week-end, Paris accueille un championnat international de Bras de fer. Cette annonce anodine, entendue vendredi matin, a pris une toute autre consistance quelques heures plus tard. Il fallait un événement majeur pour qualifier ce duel culminant l’actualité du week-end : La mort a triomphé des dernières forces de Monsieur Lautner qui a lâché prise dans un combat long et douloureux.

 

Il est allé rejoindre son ami Audiard. Et pas un Tonton ne reste pour pleurer leur papa : Lino Ventura, Jean Lefebvre, Bernard Blier, Robert Dalban et Francis Blanche ne l’ont pas attendu pour aller se réunir, ailleurs, probablement autour d’un autre breuvage secret, au « terminus des prétentieux ».

 

C’est une nouvelle pierre de mon patrimoine culturel qui roule au pied de l’édifice. 

 

En 38 ans de carrière, il aura réussi l’exploit de faire entrer l’équivalent de la population française dans les salles de cinéma. Il nous laisse le Pacha, le Professionnel et toute une panoplie de Flics ou de Voyous charismatiques et attendrissants. A l’image de cette bande de joyeux drilles, intronisés experts en mandales et en règlement de comptes, qui ont conduit les Tontons à la postérité .

 

Un cinéma qui faisait la part belle aux amitiés viriles, comme celui de Verneuil, d’Enrico ou de Giovanni. J’ai toujours un sentiment mitigé lorsqu’un ami me dit ne pas connaitre ces noms. Un mélange d’incompréhension et de jalousie. Comment ignorer ces orfèvres qui créent l’alchimie parfaite à partir d’une histoire, une distribution et un dialogue parfaitement ciselé, mais quelle chance, en même temps, d’avoir à effectuer un si beau voyage pour celui qui est encore à quai…

 

L’âge est une ascension sournoise, qui nous rapproche des cimes, pour mieux les voir tomber, érodées par le temps, avant que nous ne devenions nous même les points culminants et vulnérables du paysage humain. Je hais l’automne, pour sa force corrosive et ses vendanges assassines où les vies se prennent comme les feuilles.

 

L’onde de leurs œuvres rayonne autour de moi. Elle me berce, accompagne mon cheminement et influe sur mon cap.

 

Ce texte est ma fusée de détresse…

 

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31 décembre 2012 1 31 /12 /décembre /2012 12:50
Voeux_2012.jpg Nous sommes toujours vivants ! La prophétie maya annonçant la fin d'un cycle, ne s'est pas concrétisée. Bon, ce n'est jamais que la 183ème fois que la fin du monde est prédite depuis la chute de l'empire romain, mais cette fois ci, avec la médiation d'internet, chacun a eu le loisir d'en gouter les prémices dans ses moindres détails. Nous devrions connaitre un répit jusqu'au 10 Avril 2014, date de la prochaine prédiction...

Pourtant, les prétextes ne manquent pas pour envisager notre propre destruction. Avec l'arme nucléaire, les tsunamis, les cyclones, les séismes, nous avons une panoplie suffisamment étoffée pour conjurer nos peurs.

 

Trêve de pessimisme. La fin de l'année civile marque aussi la fin d'un cycle. Et chaque année qui se profile est un nouveau départ. L'occasion de dépoussierer ses envies, ses projets et de reprendre ses marques pour puiser à nouveau l'inspiration. Restons curieux, entreprenants et déterminés. C'est le moteur de notre motivation. Et rien n'empêche de viser l'inaccessible étoile, il faut simplement ne pas être naïf.

 

Chaque acquisition, chaque pas en avant dans la connaissance est la conséquence du courage, de la dureté envers soi, même de la probité envers soi...Je ne réfute pas un "idéal", mais je ne le touche qu'avec des pincettes.

 

C'est donc à Friedrich Nietzsche que je m'associe pour formuler mes voeux. Lui qui n'avait foi qu'en la vie, en la terre et en l'homme, nous force à regarder l'avenir avec plus d'optimisme.

 

Je souhaite que l'année 2013 vous préserve en excellente santé ainsi que vos proches, que vous puissiez y puiser toute la confiance et la dignité qui guident une marche citoyenne libre et autonome, et qu'elle vous autorise les plus belles quêtes pour parvenir aux buts que vous vous serez fixés.

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 00:54
voeux_2012.jpg

Mais pas n’importe laquelle. Une eau tempérée, agréable et accueillante, pas cette eau glacée qui a englouti le Titanic en 1912. Cette année marquera le centenaire de ce triste événement.  J’ai pourtant le sentiment, en lisant les lignes qui suivent, que nous sommes toujours passagers du paquebot insubmersible :

« Des milliardaires qui occupent les suites de luxe jusqu’aux immigrants entassés en fond

de cale, tous sont embarqués dans le même voyage – et pour le même naufrage. Et

pourtant, alors que l’iceberg approche et que le bateau devrait dévier de son cap,

l’orchestre continue de jouer, les passagers de se distraire, et l’équipage de passer de

groupe en groupe afin de rassurer tout le monde ».

 

Cette allégorie en dit plus long sur notre progression à fin 2011 qu’un rappel  minutieux de la situation.

 

Aux icebergs, je préfère les glaçons. On les associe généralement aux instants festifs, avant de lever son verre pour  formuler un vœu, un souhait ou un engagement. Et cette nuit, nous n’allons pas faillir à la tradition.

 

Je souhaite à tous, en plus d’une excellente santé, de bâtir de nombreux projets autour de trois qualités qui me paraissent essentielles : l’envie, la conviction et l’audace. Ils sont des ingrédients précieux pour se sublimer dans l’effort avec un soupçon d’originalité.

 

2012 c’est aussi le centième anniversaire de naissance de l’abbé Pierre, un modèle de conviction, de ténacité mais aussi de générosité. Puisse son héritage nous permettre d’avancer avec plus de solidarité et de confiance.

 

Il est temps à nouveau, oh temps à nouveau, de prendre le souffle nouveau, de nous jeter à l’eau…

 

 

                                                                                              Excellente année 2012

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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 19:30

voeux 2011Notre village a retrouvé des couleurs. La couche de neige qui recouvrait la campagne jusqu'à ce matin a enfin disparue. Le paysage monochrome depuis plusieurs semaines, s'est à nouveau embelli. De la blancheur uniforme sont ressortis les jardins, les champs et les allées, avec leurs teintes multiples. Un peu comme une guérison fait revenir les rougeurs sur les joues du malade anémié.

"Il pleure dans mon coeur comme il pleut sur la ville" disait Verlaine. Nous vivons en harmonie avec le temps qu'il fait, tout comme nous subissons le temps qui passe. Un peu plus de bleu pour égayer nos jours, un peu plus de rouge pour renforcer nos passions, un peu plus de jaune pour illuminer nos esprits et un peu plus de vert pour grandir nos espoirs.

Je souhaite que ce changement d'année ravive les couleurs dans nos coeurs et dans nos yeux. Que la grisaille s'estompe au gré de nos victoires, stimulées par nos forces et nos envies. Que l'année 2011 puise son éclat dans toutes les nuances de la palette pour dessiner de vraies surprises et faire jaillir de précieux moments de plaisirs. Et pour profiter pleinement de l'arc en ciel, je souhaite à toutes et à tous de pouvoir compter sur une santé resplendissante.

Bonne et heureuse année à tous

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31 décembre 2009 4 31 /12 /décembre /2009 19:32

bateau voeux2010Cette nuit, portée par les flots du temps, l'année 2009 va rompre ses amarres pour timidement s'éloigner de la berge du présent. Elle ira rejoindre toutes les précédentes qui voguent au gré des souvenirs embrumés.

Elle emportera dans sa soute, les expériences personnelles et les évenements collectifs qui ont marqués notre histoire. Et elle laissera dans son sillage, des remous de joies et de peines mêlées, quelques regrets sûrement, mais aussi peut-être les courants porteurs de certaines aventures commencées cette année et qui restent à poursuivre.

Si cette embarcation devait être baptisée, avant de prendre son départ, je la nommerai "Récession". C'est malheureusement sous ce signe peu glorieux que nous avons égrené les jours de l'année écoulée.

Nous ne pouvons être qu'optimiste pour l'année 2010. Alors, juste avant que les 12 coups de minuit ne retentissent ce soir, je me permets de formuler des voeux pour mes proches et pour tous ceux qui nous entourent. Je souhaite que chacun puisse compter sur une santé éclatante pour concrétiser les nombreux voeux et projets à venir. Que vous puissiez être suffisamment affranchis de ces contraintes économiques pesantes pour accomplir librement toutes vos envies et donner un sens choisi à toutes vos destinées.

Gardez en vous cette petite flamme d'envie, de moral, d'audace et de savoir qui est source de toutes les énergies.

Pendant ce court instant de trêve universelle, où tous les peuples du monde vont célébrer le même évenement et avant de regarder le soleil de demain, je vous invite à profiter pleinement de cette dernière soirée de l'année, et à goûter au plaisir d'entendre le bruit de la terre qui s'endort doucement.

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31 décembre 2008 3 31 /12 /décembre /2008 19:13

voeux 2009Dans quelques heures, la terre aura bouclé un nouveau cercle autour du soleil. Cet évènement donne à l'année une division scientifique, plus en accord avec les mouvements célestes, les saisons et les traditions. On appelle cela une révolution.

 

Et pourtant, à bien y regarder, 2008 n'aura rien eu de vraiment révolutionnaire. La guerre frappe encore et plus que jamais à divers endroits du globe, la maladie continue d'accabler au hasard les êtres les plus vulnérables, la crise économique grossit sournoisement son cortège de miséreux et permet à ses acolytes, famine et pauvreté, de s'exprimer pleinement en étendant toujours plus leur périmètre d'action.

 

Malgré tout, s'il est un moment où tous les espoirs sont permis, c'est bien au basculement d'année. Si chacun prend légitimement les résolutions personnelles qui impliquent avant tout le cercle des proches, il est permis de souhaiter un sort meilleur pour tous en espérant un peu moins d'égoïsme et plus de rapprochement entre les peuples.

 

Le microcosme que constitue notre commune doit être guidé par cet élan d'optimisme. En 2009, à Saint-Eustache, gageons qu'ensemble nous arrivions à donner un sens à notre quotidien en contribuant pleinement à l'épanouissement de notre foyer, de notre entourage proche, et plus généralement des autres. Je mise sur l'ouverture, l'indulgence et la solidarité pour guider nos initiatives et rendre la nouvelle année aussi bonne et agréable que possible.

 

Le centenaire de la première traversée de la Manche par Louis Blériot nous incitera-t-il aussi peut-être à puiser dans la folie et l'audace pour accomplir de nouvelles découvertes. Enfin, nous fêterons aussi le bicentenaire de la mort de Joseph Haydn. En plus de son oeuvre, il nous a légué un émouvant message de paix et d'espoir porté par la musique: "si seulement je pouvais graver dans l'esprit de tout ami de la musique, mais surtout dans l'esprit des puissants de cette terre, les inimitables travaux de Mozart, les leur faire entendre avec la compréhension musicale et l'émotion que j'y apporte moi-même, les nations rivaliseraient pour avoir ce joyau chez elles".

 

Que la petite musique cette nuit soit douce et qu'elle permette à chacun d'entrer dans la nouvelle année avec beaucoup d'envies nouvelles, de joies et de bonheurs.

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3 avril 2008 4 03 /04 /avril /2008 00:30
Mes-jeunes-annees.jpg"Mes jeunes années, courent dans la montagne..."

Il adorait ce morceau des Compagnons de la chanson. C'est avec eux que j'ai choisi d'évoquer ses jeunes années. Elles viennent de m'être remises en main propre et en vrac, dans une petite boite aux charnières usées et aux contours démolis. Moi, l'ainé de ses petits fils, me voila gardien de ses secrets puisque personne avant son départ ne soupçonnait l'existence de ce trésor bien enfoui dans son armoire. Et, sans réelle valeur mercantile, je ne pense pas que beaucoup soient informés un jour du bien inestimable qui m'a été légué, autrement qu'en lisant ce texte.

 

J'ai toujours eu d'excellents rapports avec mon grand-père et tout ce que je connais de sa vie, se résume brièvement à son certificat d'étude, dont il était très fier, son diplôme de Menuisier qui l'a finalement conduit à faire toute sa vie professionnelle chez Renault comme ouvrier aux méthodes, son mariage avec ma grand-mère disparue 30 ans avant lui, ses 6 enfants, et sa retraite qu'il a occupé pendant plus de 20 ans en animant à la radio d'Epouvile R.V.L pour son plus grand plaisir et celui des anciens. Il aimait par dessus tout ses amis, sa famille, et attachait une importance toute particulière à son instruction, sa dignité et son rôle de citoyen.
Rien de bien extraordinaire, tout est plutôt banal. La véritable prouesse est d'avoir réussi à faire tenir tout cela dans un contenant aussi réduit. L'objet est en carton marron, imitant le cuir à l'extérieur et tapissée de velours à l'intérieur. Lorsqu'on l'ouvre, on trouve au dessus d'une pile de papiers divers, un livre décerné en 1938 pour son prix de récitation en 4ème classe par l'école Vauquelin de la ville de Rouen. Le titre de ce petit livre surprend par sa banalité à l'époque "Pourquoi les nègres sont noirs". Aujourd'hui seul un journal comme minute oserait publier un ouvrage comme celui-ci, sous forme d'extraits à suivre dans les éditions quotidiennes.
Sur un carton bleu plié, le menu du repas de ses 20 ans, le 11 Novembre 1947. Outre le fait que les convives aient consommés du Boeuf mironton avec des petits pois à la française, on y apprend qu'ils ont trinqués "aux trois couleurs". Etait-ce déjà un avant goût de son sens de l'humour décapant.
Plusieurs petits bons pliés en deux qui sont soit des attestations de licenciement à remettre au futur employeur, soit des certificats de travail. Ils ont tous des dates contigües en 1947. Un lecteur mal intentionné pourrait immédiatement penser que la solution pour revenir au plein emploi est tout de suite trouvée avec cet exemple conjoncturel. Un texte écrit de sa main avec une écriture appliquée faite de pleins et de déliés, de majuscules à chaque ligne: Le rêve du jaguar de Leconte de Lisle. Cette lettre doit-elle uniquement sa survie à une fierté éventuelle pour l'esthétique scripturale?
Sur un papier journal déchiqueté, un sketch de Jean Kolb et Geo Sandry intitulé Sidi Couscous chez le commissaire. On y fait parler un maghrébin visiblement, avec une prononciation très exagérée qui confine au ridicule. De la matière toute choisie pour inspirer un sketch à Michel Lebb ou une chanson à Sardou. Au vu de la qualité du papier, je veux croire que cette blague de potache a du lui être remise par un copain de régiment et qu'il a conservé ce torchon en souvenir d'un ami regretté, mais pas pour son contenu. Il aurait eu honte de me montrer cela.
Sa première carte d'assuré social dans son enveloppe d'origine avec cette inscription "papiers d'identité d'assurances". Quelle fierté il a du ressentir lorsqu'on lui a remis ce document, pour ses 16 ans, et quelle consistance a du prendre son existence quand on sait qu'il aurait toujours vécu la perte d'un de ses papiers d'identité, de sa carte d'électeur ou de son livret de famille comme une amputation d'un membre.
Une lettre manuscrite d'enfant, datée du 14 mai 1959, qui s'excuse à 7 ans de ne pas trop savoir faire de lettre, mais qui dit son amour pour lui, le remercie de travailler tant pour aider sa famille et lui souhaite une bonne fête des pères. Cet enfant c'est ma mère. Elle ignorait qu'il ait pu conserver cette feuille volante si précieusement pendant les 49 années qui suivirent.
Une carte d'anniversaire reçue pour ses 5 ans en 1932. Son étui de badge d'usine, dans lequel il avait inséré sa carte de trésorier adjoint de la radio d'Epouville. Le plan d'un petit pressoir en hêtre, complètement jauni, qui avait peut-être servi pour le passage d'un examen d'apprenti en menuiserie dans une école quelconque. Des témoignages de satisfaction signés au dos par ses professeurs en 1937 et 1938, pour des prix de géographie. Un équivalent des félicitations en conseil de classe aujourd'hui j'imagine. Des menus de communion de ses petits enfants, et une carte de tabac distribuée par le ministère des finances pour stipuler le rationnement en 1947. Quelques photos jaunies de personnes que je ne parviens pas à identifier.
L'inventaire est fini, à la fois surprenant et banal. On y cotoie du récent et du très ancien, du futile et de l'officiel, mais c'étaient là ses trésors, ce qu'il avait de cher et qu'il était le seul à connaitre. Aujourd'hui, j'ai le sentiment d'avoir encore appris un peu plus sur lui, mais il me manque son interprétation, la signification qu'il aurait donné à ces choses.
Lui avait choisi d'enfouir ses trésors, de les dissimuler. N'est-ce pas tout le contraire que je fais en me racontant sur un blog à la vue de tous. Mes enfants peuvent déjà me lire et mes petits enfants pourront le faire aussi, mais je me garde bien de tout jugement sur le choix de la démarche. Louis Ferdinand Céline a tranché pour nous en affirmant qu'

"invoquer sa postérité, c'est faire un discours aux asticots".
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27 mars 2008 4 27 /03 /mars /2008 00:21

Mercredi-folle-journee.jpgMercredi, c'est le jour des enfants. Et des enfants j'en ai 3. Aujourd'hui, c'est Roxanne ma fille, mon ainée qui est mise à l'honneur. Elle doit se rendre à l'hôpital pour faire enlever son plâtre et vérifier que le poignet est bien réparé. Je commence ma journée par un aller et retour à Paris avec Mike Oldfield(il faudra que je vous en parle un jour aussi de celui la, il fait des trucs épatants). Ma réunion se termine à 12h30, parfait, juste le temps de rentrer, sandwich dans une main, volant dans l'autre et être à l'heure pour accompagner ma petite troupe aux urgences.

J'arrive à 14h15, j'installe mon tout petit dans la voiture, chacun prend sa place dans le bolide et nous fonçons vers Harfleur. Pas le temps de regarder l'or du soir qui tombe ou les voile au loin qui descendent avec le père Hugo, non on fonce car pour être à l'heure nous devons arriver au rendez vous fixé à 14h45. Nous sommes attendus aux urgences. Qui dit urgences dit salle pleine de gens qui attendent qu'on s'occupe d'eux avec des problèmes plus ou moins grave, et un médecin qui passe de temps en temps furtivement pour donner ses consignes aux infirmières toutes disposées à recoudre, platrer ou penser. Et en effet, la situation ne fait pas mentir le vieil adage. La salle est comble. 
Chacun semble en pleine possession de ses moyen, aucune plaie apparente, mais à chaque nom prononcé du bout du couloir qui jouxte la salle d'attente, on mesure, en voyant se lever la personne concernée, le handicap qui l'a poussé à venir requerir une aide médicalisée. Beaucoup de jambes raides, quelques bras pendant et un oeil apparemment douloureux. On vit tout de même dangeureusement, chacun porte en lui les stigmates d'une campagne mal négociée, tout le monde a son Chemin des Dames à lui, plus ou moins glorieux. Nous avons le temps de les voir défiler nos conscrits, puisqu'une fois l'étape de l'arret au secrétariat franchie, nous avons compris que la notion de rendez vous ne voulait plus rien dire, c'est l'ordre d'arrivée qui détermine l'ordre de passage. 
Mon petit Maxime aura une heure trois quart pour empiler les 5 cubes entassés dans le coin de la pièce, ou bien faire rouler la voiture à trois roues en plastique déformé. Très vite le jeu ne l'amuse plus, il entreprend alors une chorégraphie effrénée faite de course en avant, de saut sur les chaises, de galipettes mal maitrisée, un peu comme un joueur de foot qui viendrait de marquer une série de vingt-cinq buts d'un seul coup. 
Cela aura au moins le mérite de détourner le regard des autres du poste de télé, perché en haut de la pièce, qui retransmet en direct la séance hebdomadaire de discussion à l'Assemblée Nationale. En littérature on pourrait appeler cela le champ lexical du malheur. Des gens blessés à qui on retransmet les débats de l'Assemblée Nationale. Est-ce pour les inciter à ne plus revenir, eux qui pour la plupart étaient persuadés qu'il n'y avait qu'une seule chaine dans cet appareil servant à retransmettre les images de caméras placées chez Lagaffe et Dechavanne. Ou bien au contraire est-ce pour leur faire comprendre qu'il y a toujours plus malheureux qu'eux, des êtres empêtrés dans des costumes mal taillées au cou gonflé par des cravattes trop serrées, se tapant sur le ventre systématiquement lorsque la voix provient de l'autre coté de l'hémicycle, voila ce qu'ils auraient pu être, alors leur petit bobo sera bien vite réparé et ils pourront tranquillement retourner vaquer à leurs occupations. (Oui, les politiciens ont le don de m'énerver en ce moment, mais cela ne va pas durer, et il en existe des biens tout de même).
Enfin c'est notre tour, le médecin arrive du fond du couloir, je me tiens près de la porte de la pièce où ils ont demandé à ma fille d'attendre, après lui avoir retiré son plâtre, pour connaitre l'avis du médecin. Il passe devant moi sans me voir entre dans le cabinet de soin et me claque la porte dans le museau. Moi j'aurai bien aimé, un peu plus de tendresse, ou alors un sourire ou bien avoir le temps, mais... Au suivant, au suivaaaannt....
Toujours est-il que nous sommes ressortis, près de 2 heures plus tard, et ma petite princesse avait un scrap à la place du plâtre, pour "ne pas prendre de risque" comme a dit le médecin.
Nous allions regagner notre véhicule avec un soulagement bien compréhensible pour tout ce petit monde ahuri par ce confinement stérile. Lorsque la secrétaire de l'accueil nous hèle vaillamment :"Attendez messieurs dames, vous n'avez pas réglé !!". Nous somme surpris par cette quête, nous vous avons présenté toute notre panoplie de carte, sécurité sociale, mutuelle, opposants à la décharge sur la Remuée (Non je déconne elle n'existe pas encore), comment se fait-il que nous devions vous régler quelque chose. "Mais parce que vous aviez rendez-vous, vous devez régler une consultation". Alors nous avons bien sur payé les 31 euros dûs mais à cet instant tout est devenu plus clair dans mon esprit. 
L'ampoule qui s'allume, l'étincelle qui jailli des cailloux qu'on frotte depuis deux heures, la formule aboutissant à une longue série d'équations posée. Ce n'est pas une quête mais un racolage. Le trou béant de la sécu s'éclairait par le fond, j'y voyais le 4X4 porsche de ce fameux toubib, ses vacances à Courchevel, la villa dans le sud, les réceptions mondaines autour de la piscine familiale. Tout cela en posant sur un papier une date et une heure pour un rendez vous bidon. Il ne signifiait pas d'être à l'heure, mais de ne pas oublier son chéquier. Ils mendient en milieu hospitalier, en toute légalité, avec mépris pour leurs donneurs. Tiens plutôt que de voir cela, je préfère encore me casser un bras... Euh bah non papa, c'est déja fait !!

 

 

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19 mars 2008 3 19 /03 /mars /2008 23:20

de-la-mauvaise-herbe.jpgDimanche matin, alors que je saluais mes semblables qui venaient voter, le président du bureau de vote du moment m'a demandé de sortir car je n'étais pas délégué. Je me suis souvenu d'une situation similaire arrivée en Septembre 1992 en Autriche.

C'était dans la maison de Mozart à Salzbourg et le motif était tout autre, puisqu'on me reprochait alors de vouloir filmer une partition manuscrite du prodige(oui je sais j'étais jeune). Dans ce cas précis, l'erreur visiblement commise était de copier un trésor national en voulant satisfaire ma curiosité, alors que dimanche matin je dérangeais un homme passablement tendu et agacé par ma présence. 

La comparaison est osée me direz-vous, mais tellement cocasse. 
Qu'est-ce qui a bien pu m'inciter à mettre en rapport les portraits de deux êtres que tout oppose.

D'un coté on a un génie capable de décrire musicalement un Enlèvement au Sérail ou bien de mystifier le personnage de Don Juan, de l'autre un hurluberlu Ubuesque tout juste capable de s'illustrer par ses cavalcades vaudevilesques et jouer les fantômes défroqués sous les alcôves obscures. Le premier a été un personnage capable de se sublimer dans l'effort qui nous a laissé une oeuvre magistrale et a fait preuve d'un talent inégalé, alors que je ne vois dans le second qu'un mégalomane avide de pouvoir et de richesses qui aurait pu servir d'étalon s'il avait fallu un jour mesurer la médiocrité et l'hypocrisie. 

Non vraiment je ne m'explique pas cette comparaison farfelue.

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